Histoire de cyclos

J´ai été chargé par la famille de mettre de l´ordre dans les papiers de mon frère récemment décédé, afin d´envoyer à ses petits-enfants et à ses amis les articles de journaux le concernant, les photos et ses écrits. C´est l´un de ces textes que je poste aujourd´hui, et vous pourrez constater qu´il avait une belle plume et un bon sens de l´humour.

Histoire de cyclos

Il fut un temps, pas si lointain que les neiges d´antan, où je campais chaque été à Arrens, petit village pyrénéen blotti au bas du Soulor, col mythique du Tour de France. J´en profitais pour, chaque matin, m´attaquer inconsciemment aux 12 km à 8%.

N´ayant jamais eu les chromosomes du grimpeur ailé, je laissais sur ces routes abruptes, tel le Petit Poucet, le goutte à goutte d´une sueur rédemptrice. Et chaque matin j´étais invariablement doublé par les innombrables cyclos qui avaient eu la même idée que moi. En me doublant, ils avaient tous le même souci de me dire bonjour, les uns hautainement, d´autres navrés d´être témoins d´un tel désastre. Souvent quelques-uns, compatissants, trouvaient quelques mots d´encouragement : " vous avez du mérite... avec votre poids"

Les années passaient et jamais, au grand jamais, je ne vis plus piètre grimpeur que moi. Et puis un jour ce fut le miracle (Lourdes n´est pas loin, vous pouvez vérifier sur la carte). Au détour d´un lacet que j´abordais effrontément à 7 km/heure, j´aperçus un maillot rouge qui me sembla presque stationner sur place. Ragaillardi à l´idée de trouver enfin chaussure à mon pied (ou cyclo à mon niveau), j´essayai de me rapprocher. Sous l´effort dantesque, ma sueur du goutte à goutte au ruissellement passa. Au fur et à mesure que je réalisais que j´allais enfin doubler quelqu´un, je me posais la question cruciale : comment vais-je lui dire bonjour ? Excusez-moi, je n´avais pas l´habitude.

Et voilà qu´insensiblement je le débordais. J´aperçus un visage rubicond que le soleil avait rôti. Et au moment où j´allais le saluer, il me scruta, le regard vitreux, et me dit : "Savez-vous une fois, les plans montants sont fortement inclinés ici, savez -vous ?"

Et voilà, le seul cyclo que j´aie jamais doublé en 5 ans de Soulor était un Belge !

Moralité : même le plus nul des cyclos français peut un jour peser de son poids dans la balance négative que nous entretenons avec les cyclistes du plat pays.

Merci beaucoup, Cher Tropifan.

La belle plume et le sens de l'humour sont donc des valeurs familiales !
La jeune génération poursuit cette belle tradition, au moins ?

je me régale toujours à te lire .....
trés belle histoire et trés belle photoet trés bel hommage
Merci de nous l'avoir fait partager

KTsering a écrit:Merci beaucoup, Cher Tropifan.

La belle plume et le sens de l'humour sont donc des valeurs familiales !
La jeune génération poursuit cette belle tradition, au moins ?

Je l´espère, l´un des petits-enfants âgé de 14 ans me semble bien parti pour cela.

Mais pourquoi t'es tu donné tant de mal ? :-( Pourquoi donc aimes-tu souffrir à ce point en faisant du sport ? :-(

T´as mal lu ! C´est pas moi, c´est mon frangin, moi je suis pas maso Et puis tu sais bien que si c´était moi, je n´aurais pas publié la photo !

ce n'est qu'un homme jeune Tropi ...... mdr

... j'ai directement lu le texte en bleu sans lire l'avant propos avant >_< mea culpa !

Belle histoire et belle plume, en effet Merci Tropi pour le partage !