Partageons nos écrits : Malade…
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Partageons nos écrits : Malade…
Voici un texte que j'avais écris il y a quelques années... je me disais, pourquoi ne pas le partager ?
Bonne Lecture, pour ceux qui le liraient :-)
(Attention, ce n'est pas ultra joyeux)
Jour 1
- Mamaaaaan
- Qu’y a-t-il mon cœur ?
- Jme sens pas bien…
Un matin comme les autres, un matin de septembre… Sophie se prépare pour une dure journée de labeur, la pauvre, elle s’occupe seule de ses deux enfants… enfin du petit surtout, Dylan, 9 ans, brun, cheveux mi long, visage d’ange, sourire qui accompagnerait n’importe quel homme sensible dans un autre monde… le grand lui, math comme disent ses potes, Mathieu, il se débrouille, il a 17 ans, il est grand. Elle est seule car son marie a disparu… enfin c’est ce qu’elle raconte à ses enfants… en fait il est parti, avec une autre… le petit gobe son mensonge, mais pas le grand… il aimerait retrouver son père… pour l’embrasser ou le frapper… qui sait…
- Mamaaaaaaaan
- Qu’est ce qu’il y a Dylan ? Dépêche toi de te préparer, tu vas être en retard… la première semaine, ça serait gênant quand même….
Dylan vient de rentrer en cm1… cour moyen… le petit n’aime pas cette appellation… « Je ne suis pas moyen, je suis doué ! Je travaille tout les soirs » il faut dire, il s’ennuie en cours… trop facile… alors il bosse… il ne sait faire que ça. Le grand entre en terminale… c’est de son age dit en plaisantant sa mère… Enfin Mathieu fait l’homme à la maison, c’est dur pour elle de voir son fils grandir… Depuis le départ de son mari, il y a tout juste 9 ans… Le jour de la naissance de Dylan, Math n’est plus le même… du tout. Comme si il avait brusquement grandi, comme si il avait compris.
- Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan
- Écoute, ne fait pas ta chochotte, faut aller en cours maintenant, tes copains vont se foutre de toi si tu fais semblant d’être malade…
- On dit pas « foutre » à son fils… et je suis vraiment malade
Dylan est très à cheval sur l’éducation… plus que sa mère… son rêve ? Être un fils modèle… mais vu certaines conneries qu’il fait, c’est loin d’être gagné
- Maman…
- Plus tard…
Jour 3
- Madame Manouche ?
- Oui ?
- C’est l’infirmière de l’école… c’est à propos de votre fils…
- Il lui est arrivé quelque chose ?
- Il est tombé dans les pommes…
Si seulement les mères écoutaient un peu plus leurs enfants… puisqu’il le disait qu’il ne se sentait pas bien…
- Maman ?
- Oui ?
- On va ou ?
- On va à Trousseau…
Trousseau, l’hôpital des enfants… beaucoup y rentrent… beaucoup y sortent… d’autres y restent. Trousseau… ce nom devrait faire peur, les enfants y sont pourtant, pour la plupart, complètement étranger…
- C’est quoi Trousseau ? Tu as perdu tes clés ?
- Non.
Sèche est la réponse, grand est l’amour… y a-t-il une relation de cause à effet ? Dieu soit loué non…
- Voila docteur, je ne sais pas, c’est à propos de mon fils, il se sent mal… au début je croyais que ce n’était que du cirque pour ne pas allez à l’école, mais ça a duré tout le début de la semaine, et aujourd’hui, il a fait un malaise…
- Il a des allergies ?
- Oui pollen… mais en septembre docteur…
C’est la première fois que Dylan se retrouve dans un hôpital… il n’aime pas trop ça, d’habitude, il va chez le pédiatre… il déteste la pédiatre, et ses vilaines piqûres… c’est pour son bien dit sa mère… un jour, il prendra un stylo plume et le plantera dans le bras de son frère… « pour son bien »… non, il ne le fera pas bien sur… trop peur des représailles.
- Déshabille toi mon petit s’il vous plait
- Non !
- Comment ça non ?
- Ma mère m’a dit de ne pas écouter les messieurs que je ne connais pas bien… et surtout pas de me mettre tout nu…
- Excusez le docteur… il est pudique pour son age… je n’ai même pas le droit de lui faire prendre son bain et c’est son grand frère qui s’en charge… Dylan, ça suffit maintenant, et obéis au monsieur.
Dylan est dans la moyenne de son age… ni grand ni petit, juste mignon… ou beau comme dirait la voisine. Pourtant, il déteste se mettre nu devant les autres… à la piscine c’est l’horreur… le seul devant qui il accepte, c’est son frère…
Flashback : Jour -380
Eté, Dylan a tout juste 8 ans…
- Jveux être seul dans la salle de bain !
- Mais enfin, tu me fais quoi la ?
- Laissez moi !
Dylan s’enferme dans la salle de bain, il pleure… Pourquoi ils le regardent, il est normal… il veut être seul, seul avec lui-même… la salle de bain, c’est le seul moment ou il peut se regarder, voir qui il est, comment il est… il n’est pas question qu’on lui pique ça…
- Ouvre Dylan, ordre de ton frère !
- NON
- Allez… chuis fait comme toi, laisse moi rentrer…
- Non… jveux pas, laisse moi…
- Je défonce la porte…
Habituellement, c’est une menace… et ça vaut ce que ça vaut… mais quand on a le sang bouillant comme Mathieu, on ne fait même pas attention à tout ces principes la…
- Putain la porte !
- Oups… jvais me faire tuer la… bon, ba voila, jte vois, ça change quoi ?
Ca change rien, rien de rien… s’en suivit une très longue conversation entre les deux garçons… une conversation de confiance que l’on ne peut avoir qu’avec son frère… son frère lui avait montré, que lui aussi était pareil… oh, un peu plus poilu, mais bon… pas de quoi casser une porte… ni s’enfermer dans la salle de bain pour pleurer pour rien… ouais, Mathieu avait le droit de le voir, lui et lui seul… pourquoi ? Dylan n’avait même pas encore saisi que cela s’appelait la confiance…
Jour 3, suite
- Allons mon garçon, déshabille toi maintenant…
Dylan n’avait pas le choix… quelle merde… trouver quelque chose… vite…
- Je suis pas malade, j’ai menti !
Pour mentir, ça il mentait… il ne s’était jamais senti aussi mal… mal à la tête, au ventre, crise de délire, baisse de tension… depuis le début de la semaine cela durait… mais il ne pouvait pas l’avouer, pas devant ce mec qui voulait le voir…
- …
- …
- Aie
- Que cela te serve de leçon
Le rendez vous n’avait pas duré plus longtemps, Sophie s’était excusée devant le docteur, platement, puis avait quitté la place avec son fils… la gifle, il ne l’avait pas volé… obliger sa mère à quitter son travail, à aller à Trousseau pour un simple mensonge… Certes, il toussait un peu… un simple rhume des foins pensait elle… mais en fait non… Sophie était rouge de colère, Dylan de honte… Si Mathieu avait vu ça, il aurait fait la blague classique et stupide des deux tomates… mais il n’était pas là, et cela aurait de toute manière énervé sa mère… au dessus des rougeurs, des larmes, celles d’une petit garçon qui avait réellement mal au ventre.
Jour 15
- Madame Manouche, ça ne peut plus durer… c’est le 3ème malaise en 15 jours ! Votre fils à sûrement un problème… vous êtes sur que c’est de la comédie ?
- Oui… c’est lui-même qui l’avoue… que voulez vous que je fasse ?
- Je ne sais pas… vous avez essayé le psychologue ?
Le psychologue… Bien sur… quand la maladie ne vient pas du corps, elle vient de la tête… cela est une très bonne idée, encore faut il savoir l’expliquer à son fils…
- Tu vas allez chez un psychologue…
- Un quoi ?
- Un monsieur qui soigne les problèmes que l’on a dans la tête…
- Mais j’ai pas de problème dans ma tête ?
- Si
Une mère surchargé de travail, avec un petit garçon qui fait semblant d’être malade… ça a du mal à prendre son temps pour expliquez les choses…. Pour un petit garçon, apprendre qu’il a un problème de la bouche de sa propres mère, c’est un réel problème…
Jour 20
- Merci docteur d’avoir accepté ce rendez vous aussi rapidement…
- C’est normal madame Manouche, c’est mon métier… quel est donc le problème de ce petit ?
- Il s’invente des maladies pour ne pas allez en cour…
- Mhhh… je vois… laissez moi seul avec lui je vous pris…
Le cauchemar peut commencer… Des tableaux d’un autre siècle, des revues et des livres que l’on croirait encore plus anciens, des meubles qui ont fait la guerre… et un vieux monsieur barbu, avec ses petites lunettes rondes et son halène de tabac froid… vous n’êtes pas dans les années cinquante, juste chez un psychologue… mais il est vrai que la différence entre les deux est bien minime, surtout lorsque l’on a 9 ans, mal au ventre, à la tête, et qu’on ne sait même pas pourquoi on est la, si ce n’est qu’on est malade…
- Raconte moi tout !
Dylan voudrait bien, mais raconter à ce pauvre monsieur qu’il sent mauvais ne doit pas être la meilleure des choses à faire… même à 9 ans on peut comprendre ça, et Dylan décide de s’abstenir… mais que lui dire… qu’il est vraiment malade et qu’il n’a pas voulu l’admettre pour ne pas se montrer devant un monsieur ? Ça serait se dévoiler, et devant ce monsieur, ça serait pire… et en plus, ça le conduirait directement à la case hôpital… non, pas question.
- Et bien, tu as perdu ta langue ?
Une heure de question sans réponse, c’est sur, ça énerve, et les psychologue n’aiment pas perdrent leur temps, surtout lorsqu’ils se rendent compte de l’inefficacité de leur méthode…
- Madame, votre fils n’est pas un malade imaginaire, il a juste des problèmes comportementaux…
- C'est-à-dire ?
- J’ai bien peur qu’il ne soit qu’une forte tête… un prémices à la crise d’adolescence…
- Mais il n’a que neuf ans, vous ne pouvez pas dire ça…
- Je connais bien mon métier… il se moque du monde vous savez, le mieux est de prendre le taureau par les cornes… envoyez le dans un institut spécial, ça le calmera… mieux vaut ça avant qu’il ne dégénère.
Ou avant que le psy ne dégénère… au choix.
Jour 22
- Il est hors de question que tu envoies Dylan la bas… c’est n’importe quoi, il n’a jamais rien fait de mal…
- Il simule la maladie, je n’en peu plus Mathieu… tu dois comprendre que je suis votre mère et que je veux votre bien… je n’en peu plus, c’est trop dur, par trois fois j’ai du quitter mon bureau pour rien… il me met dans des situations impossibles… avec les médecins, avec son école… Tu dois comprendre qu’il n’y a pas d’autre solution… je ne vais pas me mettre à le taper non plus ?
Certes, cogner n’est pas une solution… ouvrir les yeux en serait une…
- Non, il est hors de question, tu peux pas faire ça à mon petit frère…
- C’est déjà décidé, j’ai appelé le centre, ils veulent bien de lui, le temps qu’il faudra… c’est pour son bien…
Vous vous rendez compte du nombre de conneries qu’on peut faire par amour ou pour le bien de quelqu’un ? Dylan lui, continue de pleurer… ce n’est pas qu’au ventre et à la tête qu’il a mal… c’est au cœur…
Jour 44
- Madame Manouche ?
- Il faudrait que vous veniez chercher votre fils au plus vite…
- Qu’est ce qu’il a fait ?
- Rien… on a juste découvert qu’il ne simulait aucune maladie…
- Comment ça ?
- Votre fils est réellement malade…
Notez le temps qu’il a fallu pour s’en rendre compte… 44 jours à partir des premiers symptômes, c’est une bonne moyenne….
Jour 45
- Dylan, il faut absolument que tu ailles chez le médecin !
- Non, je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas… j’ai rien… pas chez lui…
Sophie ne savait plus quoi faire… elle ne comprenait pas… pourquoi cette peur du médecin ? Pourquoi cette maladie ? Et qu’était ce ? Pourquoi n’avait elle pas compris ? Elle voulait pleurer toutes les larmes de son corps, mais pas une ne voulait sortir… pas devant son fils, elle n’était pas prête pour accepter ses erreurs…
- Et si j’allais avec toi ?
- Tu ferais ça Math ?
- Bien sur… j’irais partout avec mon petit frère adoré…
-… D’accort alors…
Il y a de ces miracles que la science ne peut expliquer… la science ne connaît pas encore la fonction mathématique de la relation confiance, et oui, bien des mystères restent entier pour nos amis scientifiques…
Jour 46
- Pourquoi n’êtes vous pas venu avant ?
- C’est grave docteur ?
Ca dépend, quand on est inconscient, rien n’est jamais grave…
- Oui… votre fils a une maladie avancé… il va lui falloir du courage… si vous étiez venu au début des symptômes, ça n’aurait pas causé de problèmes, mais la, nous allons devoir le garder en observation… de toute manière, si ça continue, il ne pourra plus se déplacer par manque de forces…
Certes, Dylan était faible… toujours aussi beau, maigre, élancé, toujours le même sourire… mais faible… son ventre, ses jambes qui ne le soutenaient plus… et lui, nu comme un vers devant toute cette agitation… heureusement, son frère était la et lui tenait la main… ça lui suffisait…
Pour le moment…
Jour 68
Cela faisait plus de 20 jours que Dylan était en observation à l’hôpital… le temps passait lentement de cette manière… son frère et sa mère venaient le voir tout les jours, Dylan sentait qu’il allait mieux…
- Regarde petit frère, tu as reçu une lettre de ta classe… ils te souhaitent un bon rétablissement…
C’est un classique…
Malgré cette présence fraternelle et maternelle, voir même amicale, il manquait quelque chose à Dylan… quelque chose qu’il lui manquait depuis déjà 9 longues années…
Jour 103
- Grand frère ?
- Oui ?
- Tu as retrouvé papa ?
- Maman t’a expliqué qu’il avait disparu…
- Tu mens… je le sais… je le sens… il est la quelque part… tu le cherches… je t’ai déjà entendu plusieurs fois te disputer avec maman à cause de lui… il est ou…
- Je ne sais pas…
- Raconte moi…
- Te raconter quoi ?
- Pourquoi il est parti…
Flashback Jour – plusieurs années… 9 pour être précis…
Mathieu avait 8 ans, il venait d’avoir un petit frère… il était là, il a tout vu…
- Je me casse…
- Quoi ? Mais… et les enfants ? Et Mathieu, et Dylan ?
- Démerde toi
- Tu peux pas faire ça, pas maintenant… Tu peux pas abandonner tes enfants… ta femme…
- Laisse moi… Laisse moi pleurer, Laisse moi partir…
Mathieu ne savait pas… il ne savait pas que son père en aimait une autre, il ne savait pas que son père était lâche, il ne savait pas qu’il avait peur… il ne savait pas…
Que son père n’était pas fait pour être père…
Lui le savait… il savait qu’il était incapable, il savait qu’il ne pouvait pas élever ses enfants, il le savait… il le voyait avec Mathieu, il n’y arrivait pas…Il ne voulait pas… plutôt que de donner un mauvais père à Dylan, autant ne pas lui en donner du tout…
Il a fait les deux.
Jour 227
- Grand frère ?
- Oui ?
- Tu m’aimes ?
- Oui
- Tu m’aimeras toujours ?
- Oui bien sur…
Un baiser sur le front, une main serrée… d’après les médecins, Dylan allait mieux… pourtant, il était toujours dans son lit d’hôpital…
- Tu crois que je vais sortir ?
- Bien sur… et quand tu seras dehors, je t’emmènerais manger une pizza !
- C’est vrai ?
- Promis… bien sur que c’est vrai…
- C’est cool alors…vivement…
Jour 342
- Je l’ai retrouvé…
- C’est vrai ?
- Oui, je lui ai parlé, je l’ai vu…
- Il pourra venir me voir ?
- J’espère… il a peur, peur que tu ne le juges, peur de te décevoir, peur de te mettre en colère…
- Dis lui de venir… Dis le lui… s’il te plait…
Il n’est jamais venu.
Jamais.
Jour 365
Un an, un an pile après le début de la maladie de Dylan, un an après toutes ces stupidités… un an… Les médecins lui disent qu’il va mieux, qu’il sortira bientôt… il lui disent ça… Ils disent tous ça…
Jour 366
Ce matin, j’ai reçu un SMS
De Mathieu.
« Ton Fils, Dylan, Est mort dans la nuit, les médecins le pressentaient depuis quelques mois. »
Tous des menteurs… mais je le savais…
C’est aujourd’hui que j’ai compris que j’avais commis une erreur… une grave erreur…
Écrire tout cela ne sert à rien… strictement à rien… une plume ne répare pas plusieurs années de manque… une plume ne répare pas l’erreur d’un père…
J’ai répondu à Mathieu …
« Tu étais la ? »
et lui-même
« Oui »
D’après ce que je sais, les dernières paroles de Dylan furent : « Papa »
Il est mort une larme à l’oeil, et toujours ce même magnifique sourire au visage… lui aussi avait compris… lui aussi savait que c’était fini… il n’avait pas connu son père, mais il avait toujours ce même sourire… toujours…
Et moi…
J’ai compris ce qu’était le rôle d’un père… mais trop tard…
C’est toujours trop tard… Toujours…
Dylan…
Pardon.
Bonne Lecture, pour ceux qui le liraient :-)
(Attention, ce n'est pas ultra joyeux)
Jour 1
- Mamaaaaan
- Qu’y a-t-il mon cœur ?
- Jme sens pas bien…
Un matin comme les autres, un matin de septembre… Sophie se prépare pour une dure journée de labeur, la pauvre, elle s’occupe seule de ses deux enfants… enfin du petit surtout, Dylan, 9 ans, brun, cheveux mi long, visage d’ange, sourire qui accompagnerait n’importe quel homme sensible dans un autre monde… le grand lui, math comme disent ses potes, Mathieu, il se débrouille, il a 17 ans, il est grand. Elle est seule car son marie a disparu… enfin c’est ce qu’elle raconte à ses enfants… en fait il est parti, avec une autre… le petit gobe son mensonge, mais pas le grand… il aimerait retrouver son père… pour l’embrasser ou le frapper… qui sait…
- Mamaaaaaaaan
- Qu’est ce qu’il y a Dylan ? Dépêche toi de te préparer, tu vas être en retard… la première semaine, ça serait gênant quand même….
Dylan vient de rentrer en cm1… cour moyen… le petit n’aime pas cette appellation… « Je ne suis pas moyen, je suis doué ! Je travaille tout les soirs » il faut dire, il s’ennuie en cours… trop facile… alors il bosse… il ne sait faire que ça. Le grand entre en terminale… c’est de son age dit en plaisantant sa mère… Enfin Mathieu fait l’homme à la maison, c’est dur pour elle de voir son fils grandir… Depuis le départ de son mari, il y a tout juste 9 ans… Le jour de la naissance de Dylan, Math n’est plus le même… du tout. Comme si il avait brusquement grandi, comme si il avait compris.
- Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan
- Écoute, ne fait pas ta chochotte, faut aller en cours maintenant, tes copains vont se foutre de toi si tu fais semblant d’être malade…
- On dit pas « foutre » à son fils… et je suis vraiment malade
Dylan est très à cheval sur l’éducation… plus que sa mère… son rêve ? Être un fils modèle… mais vu certaines conneries qu’il fait, c’est loin d’être gagné
- Maman…
- Plus tard…
Jour 3
- Madame Manouche ?
- Oui ?
- C’est l’infirmière de l’école… c’est à propos de votre fils…
- Il lui est arrivé quelque chose ?
- Il est tombé dans les pommes…
Si seulement les mères écoutaient un peu plus leurs enfants… puisqu’il le disait qu’il ne se sentait pas bien…
- Maman ?
- Oui ?
- On va ou ?
- On va à Trousseau…
Trousseau, l’hôpital des enfants… beaucoup y rentrent… beaucoup y sortent… d’autres y restent. Trousseau… ce nom devrait faire peur, les enfants y sont pourtant, pour la plupart, complètement étranger…
- C’est quoi Trousseau ? Tu as perdu tes clés ?
- Non.
Sèche est la réponse, grand est l’amour… y a-t-il une relation de cause à effet ? Dieu soit loué non…
- Voila docteur, je ne sais pas, c’est à propos de mon fils, il se sent mal… au début je croyais que ce n’était que du cirque pour ne pas allez à l’école, mais ça a duré tout le début de la semaine, et aujourd’hui, il a fait un malaise…
- Il a des allergies ?
- Oui pollen… mais en septembre docteur…
C’est la première fois que Dylan se retrouve dans un hôpital… il n’aime pas trop ça, d’habitude, il va chez le pédiatre… il déteste la pédiatre, et ses vilaines piqûres… c’est pour son bien dit sa mère… un jour, il prendra un stylo plume et le plantera dans le bras de son frère… « pour son bien »… non, il ne le fera pas bien sur… trop peur des représailles.
- Déshabille toi mon petit s’il vous plait
- Non !
- Comment ça non ?
- Ma mère m’a dit de ne pas écouter les messieurs que je ne connais pas bien… et surtout pas de me mettre tout nu…
- Excusez le docteur… il est pudique pour son age… je n’ai même pas le droit de lui faire prendre son bain et c’est son grand frère qui s’en charge… Dylan, ça suffit maintenant, et obéis au monsieur.
Dylan est dans la moyenne de son age… ni grand ni petit, juste mignon… ou beau comme dirait la voisine. Pourtant, il déteste se mettre nu devant les autres… à la piscine c’est l’horreur… le seul devant qui il accepte, c’est son frère…
Flashback : Jour -380
Eté, Dylan a tout juste 8 ans…
- Jveux être seul dans la salle de bain !
- Mais enfin, tu me fais quoi la ?
- Laissez moi !
Dylan s’enferme dans la salle de bain, il pleure… Pourquoi ils le regardent, il est normal… il veut être seul, seul avec lui-même… la salle de bain, c’est le seul moment ou il peut se regarder, voir qui il est, comment il est… il n’est pas question qu’on lui pique ça…
- Ouvre Dylan, ordre de ton frère !
- NON
- Allez… chuis fait comme toi, laisse moi rentrer…
- Non… jveux pas, laisse moi…
- Je défonce la porte…
Habituellement, c’est une menace… et ça vaut ce que ça vaut… mais quand on a le sang bouillant comme Mathieu, on ne fait même pas attention à tout ces principes la…
- Putain la porte !
- Oups… jvais me faire tuer la… bon, ba voila, jte vois, ça change quoi ?
Ca change rien, rien de rien… s’en suivit une très longue conversation entre les deux garçons… une conversation de confiance que l’on ne peut avoir qu’avec son frère… son frère lui avait montré, que lui aussi était pareil… oh, un peu plus poilu, mais bon… pas de quoi casser une porte… ni s’enfermer dans la salle de bain pour pleurer pour rien… ouais, Mathieu avait le droit de le voir, lui et lui seul… pourquoi ? Dylan n’avait même pas encore saisi que cela s’appelait la confiance…
Jour 3, suite
- Allons mon garçon, déshabille toi maintenant…
Dylan n’avait pas le choix… quelle merde… trouver quelque chose… vite…
- Je suis pas malade, j’ai menti !
Pour mentir, ça il mentait… il ne s’était jamais senti aussi mal… mal à la tête, au ventre, crise de délire, baisse de tension… depuis le début de la semaine cela durait… mais il ne pouvait pas l’avouer, pas devant ce mec qui voulait le voir…
- …
- …
- Aie
- Que cela te serve de leçon
Le rendez vous n’avait pas duré plus longtemps, Sophie s’était excusée devant le docteur, platement, puis avait quitté la place avec son fils… la gifle, il ne l’avait pas volé… obliger sa mère à quitter son travail, à aller à Trousseau pour un simple mensonge… Certes, il toussait un peu… un simple rhume des foins pensait elle… mais en fait non… Sophie était rouge de colère, Dylan de honte… Si Mathieu avait vu ça, il aurait fait la blague classique et stupide des deux tomates… mais il n’était pas là, et cela aurait de toute manière énervé sa mère… au dessus des rougeurs, des larmes, celles d’une petit garçon qui avait réellement mal au ventre.
Jour 15
- Madame Manouche, ça ne peut plus durer… c’est le 3ème malaise en 15 jours ! Votre fils à sûrement un problème… vous êtes sur que c’est de la comédie ?
- Oui… c’est lui-même qui l’avoue… que voulez vous que je fasse ?
- Je ne sais pas… vous avez essayé le psychologue ?
Le psychologue… Bien sur… quand la maladie ne vient pas du corps, elle vient de la tête… cela est une très bonne idée, encore faut il savoir l’expliquer à son fils…
- Tu vas allez chez un psychologue…
- Un quoi ?
- Un monsieur qui soigne les problèmes que l’on a dans la tête…
- Mais j’ai pas de problème dans ma tête ?
- Si
Une mère surchargé de travail, avec un petit garçon qui fait semblant d’être malade… ça a du mal à prendre son temps pour expliquez les choses…. Pour un petit garçon, apprendre qu’il a un problème de la bouche de sa propres mère, c’est un réel problème…
Jour 20
- Merci docteur d’avoir accepté ce rendez vous aussi rapidement…
- C’est normal madame Manouche, c’est mon métier… quel est donc le problème de ce petit ?
- Il s’invente des maladies pour ne pas allez en cour…
- Mhhh… je vois… laissez moi seul avec lui je vous pris…
Le cauchemar peut commencer… Des tableaux d’un autre siècle, des revues et des livres que l’on croirait encore plus anciens, des meubles qui ont fait la guerre… et un vieux monsieur barbu, avec ses petites lunettes rondes et son halène de tabac froid… vous n’êtes pas dans les années cinquante, juste chez un psychologue… mais il est vrai que la différence entre les deux est bien minime, surtout lorsque l’on a 9 ans, mal au ventre, à la tête, et qu’on ne sait même pas pourquoi on est la, si ce n’est qu’on est malade…
- Raconte moi tout !
Dylan voudrait bien, mais raconter à ce pauvre monsieur qu’il sent mauvais ne doit pas être la meilleure des choses à faire… même à 9 ans on peut comprendre ça, et Dylan décide de s’abstenir… mais que lui dire… qu’il est vraiment malade et qu’il n’a pas voulu l’admettre pour ne pas se montrer devant un monsieur ? Ça serait se dévoiler, et devant ce monsieur, ça serait pire… et en plus, ça le conduirait directement à la case hôpital… non, pas question.
- Et bien, tu as perdu ta langue ?
Une heure de question sans réponse, c’est sur, ça énerve, et les psychologue n’aiment pas perdrent leur temps, surtout lorsqu’ils se rendent compte de l’inefficacité de leur méthode…
- Madame, votre fils n’est pas un malade imaginaire, il a juste des problèmes comportementaux…
- C'est-à-dire ?
- J’ai bien peur qu’il ne soit qu’une forte tête… un prémices à la crise d’adolescence…
- Mais il n’a que neuf ans, vous ne pouvez pas dire ça…
- Je connais bien mon métier… il se moque du monde vous savez, le mieux est de prendre le taureau par les cornes… envoyez le dans un institut spécial, ça le calmera… mieux vaut ça avant qu’il ne dégénère.
Ou avant que le psy ne dégénère… au choix.
Jour 22
- Il est hors de question que tu envoies Dylan la bas… c’est n’importe quoi, il n’a jamais rien fait de mal…
- Il simule la maladie, je n’en peu plus Mathieu… tu dois comprendre que je suis votre mère et que je veux votre bien… je n’en peu plus, c’est trop dur, par trois fois j’ai du quitter mon bureau pour rien… il me met dans des situations impossibles… avec les médecins, avec son école… Tu dois comprendre qu’il n’y a pas d’autre solution… je ne vais pas me mettre à le taper non plus ?
Certes, cogner n’est pas une solution… ouvrir les yeux en serait une…
- Non, il est hors de question, tu peux pas faire ça à mon petit frère…
- C’est déjà décidé, j’ai appelé le centre, ils veulent bien de lui, le temps qu’il faudra… c’est pour son bien…
Vous vous rendez compte du nombre de conneries qu’on peut faire par amour ou pour le bien de quelqu’un ? Dylan lui, continue de pleurer… ce n’est pas qu’au ventre et à la tête qu’il a mal… c’est au cœur…
Jour 44
- Madame Manouche ?
- Il faudrait que vous veniez chercher votre fils au plus vite…
- Qu’est ce qu’il a fait ?
- Rien… on a juste découvert qu’il ne simulait aucune maladie…
- Comment ça ?
- Votre fils est réellement malade…
Notez le temps qu’il a fallu pour s’en rendre compte… 44 jours à partir des premiers symptômes, c’est une bonne moyenne….
Jour 45
- Dylan, il faut absolument que tu ailles chez le médecin !
- Non, je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas… j’ai rien… pas chez lui…
Sophie ne savait plus quoi faire… elle ne comprenait pas… pourquoi cette peur du médecin ? Pourquoi cette maladie ? Et qu’était ce ? Pourquoi n’avait elle pas compris ? Elle voulait pleurer toutes les larmes de son corps, mais pas une ne voulait sortir… pas devant son fils, elle n’était pas prête pour accepter ses erreurs…
- Et si j’allais avec toi ?
- Tu ferais ça Math ?
- Bien sur… j’irais partout avec mon petit frère adoré…
-… D’accort alors…
Il y a de ces miracles que la science ne peut expliquer… la science ne connaît pas encore la fonction mathématique de la relation confiance, et oui, bien des mystères restent entier pour nos amis scientifiques…
Jour 46
- Pourquoi n’êtes vous pas venu avant ?
- C’est grave docteur ?
Ca dépend, quand on est inconscient, rien n’est jamais grave…
- Oui… votre fils a une maladie avancé… il va lui falloir du courage… si vous étiez venu au début des symptômes, ça n’aurait pas causé de problèmes, mais la, nous allons devoir le garder en observation… de toute manière, si ça continue, il ne pourra plus se déplacer par manque de forces…
Certes, Dylan était faible… toujours aussi beau, maigre, élancé, toujours le même sourire… mais faible… son ventre, ses jambes qui ne le soutenaient plus… et lui, nu comme un vers devant toute cette agitation… heureusement, son frère était la et lui tenait la main… ça lui suffisait…
Pour le moment…
Jour 68
Cela faisait plus de 20 jours que Dylan était en observation à l’hôpital… le temps passait lentement de cette manière… son frère et sa mère venaient le voir tout les jours, Dylan sentait qu’il allait mieux…
- Regarde petit frère, tu as reçu une lettre de ta classe… ils te souhaitent un bon rétablissement…
C’est un classique…
Malgré cette présence fraternelle et maternelle, voir même amicale, il manquait quelque chose à Dylan… quelque chose qu’il lui manquait depuis déjà 9 longues années…
Jour 103
- Grand frère ?
- Oui ?
- Tu as retrouvé papa ?
- Maman t’a expliqué qu’il avait disparu…
- Tu mens… je le sais… je le sens… il est la quelque part… tu le cherches… je t’ai déjà entendu plusieurs fois te disputer avec maman à cause de lui… il est ou…
- Je ne sais pas…
- Raconte moi…
- Te raconter quoi ?
- Pourquoi il est parti…
Flashback Jour – plusieurs années… 9 pour être précis…
Mathieu avait 8 ans, il venait d’avoir un petit frère… il était là, il a tout vu…
- Je me casse…
- Quoi ? Mais… et les enfants ? Et Mathieu, et Dylan ?
- Démerde toi
- Tu peux pas faire ça, pas maintenant… Tu peux pas abandonner tes enfants… ta femme…
- Laisse moi… Laisse moi pleurer, Laisse moi partir…
Mathieu ne savait pas… il ne savait pas que son père en aimait une autre, il ne savait pas que son père était lâche, il ne savait pas qu’il avait peur… il ne savait pas…
Que son père n’était pas fait pour être père…
Lui le savait… il savait qu’il était incapable, il savait qu’il ne pouvait pas élever ses enfants, il le savait… il le voyait avec Mathieu, il n’y arrivait pas…Il ne voulait pas… plutôt que de donner un mauvais père à Dylan, autant ne pas lui en donner du tout…
Il a fait les deux.
Jour 227
- Grand frère ?
- Oui ?
- Tu m’aimes ?
- Oui
- Tu m’aimeras toujours ?
- Oui bien sur…
Un baiser sur le front, une main serrée… d’après les médecins, Dylan allait mieux… pourtant, il était toujours dans son lit d’hôpital…
- Tu crois que je vais sortir ?
- Bien sur… et quand tu seras dehors, je t’emmènerais manger une pizza !
- C’est vrai ?
- Promis… bien sur que c’est vrai…
- C’est cool alors…vivement…
Jour 342
- Je l’ai retrouvé…
- C’est vrai ?
- Oui, je lui ai parlé, je l’ai vu…
- Il pourra venir me voir ?
- J’espère… il a peur, peur que tu ne le juges, peur de te décevoir, peur de te mettre en colère…
- Dis lui de venir… Dis le lui… s’il te plait…
Il n’est jamais venu.
Jamais.
Jour 365
Un an, un an pile après le début de la maladie de Dylan, un an après toutes ces stupidités… un an… Les médecins lui disent qu’il va mieux, qu’il sortira bientôt… il lui disent ça… Ils disent tous ça…
Jour 366
Ce matin, j’ai reçu un SMS
De Mathieu.
« Ton Fils, Dylan, Est mort dans la nuit, les médecins le pressentaient depuis quelques mois. »
Tous des menteurs… mais je le savais…
C’est aujourd’hui que j’ai compris que j’avais commis une erreur… une grave erreur…
Écrire tout cela ne sert à rien… strictement à rien… une plume ne répare pas plusieurs années de manque… une plume ne répare pas l’erreur d’un père…
J’ai répondu à Mathieu …
« Tu étais la ? »
et lui-même
« Oui »
D’après ce que je sais, les dernières paroles de Dylan furent : « Papa »
Il est mort une larme à l’oeil, et toujours ce même magnifique sourire au visage… lui aussi avait compris… lui aussi savait que c’était fini… il n’avait pas connu son père, mais il avait toujours ce même sourire… toujours…
Et moi…
J’ai compris ce qu’était le rôle d’un père… mais trop tard…
C’est toujours trop tard… Toujours…
Dylan…
Pardon.
Dernière édition par Simulacra le Ven 27 Jan 2012 - 12:43, édité 1 fois
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
En bon "fan de Simulacra" que je suis, j'avais lu ce texte il y a bien longtemps. C'est un plaisir de le retrouver ici. Puissant.
jak- Nombre de messages : 1313
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Date d'inscription : 30/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
GrandRusignolu a écrit:who!!!
Que dire après ça?
Qu'a l'époque, je faisais encore plus de faute d'ortho qu'aujourd'hui >___<
J'aurais du le relire avant de le poster, c'est un festival :'( Je le corrigerais ce soir :'(
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
Beaucoup devrait le lire ce texte .... peut être que cela les ferait refléchir un peu aux conséquences de leurs actes
Thérèse- Nombre de messages : 1711
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
C'est toujours très dur de bien faire. On ne sait jamais vraiment quelles peuvent être les conséquences de nos actes...
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Voila voila je l'ai lu ton texte mais esasaye de commenter quand tu sais pas toi même que dire en tout cas si tu as d'autre texte d'une tel leçons de vie je les attend avec impatience
Malika2811- Nombre de messages : 385
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
Très dur!!!!
pautel- Nombre de messages : 914
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Date d'inscription : 12/06/2009
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Un magnifique texte !!! Beaucoup d'émotions et de sentiments. Ne me dis que tu n'écris pas d'articles, je ne te croirais pas ! lol
En tout cas, bravo !
En tout cas, bravo !
Dernière édition par Le_neptunien le Dim 29 Jan 2012 - 10:16, édité 1 fois
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Le_neptunien
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Le_neptunien a écrit:Un magnifique texte !!! Beaucoup d'émotions et de sentiments. Ne me dis que tu n'écris aps d'érticles, je ne te croirais pas ! lol
En tout cas, bravo !
Euh, je n'écris pas d'érticle c'est quoi un érticle ?
Pas trop d'articles non plus :/
Simulacra- Nombre de messages : 2868
Age : 37
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Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Gnagnagna !Simulacra a écrit:Euh, je n'écris pas d'érticle c'est quoi un érticle ?Le_neptunien a écrit:Un magnifique texte !!! Beaucoup d'émotions et de sentiments. Ne me dis que tu n'écris aps d'érticles, je ne te croirais pas ! lol
En tout cas, bravo !
Pas trop d'articles non plus :/
Et sinon, en as-tu d'autres comme ça ?! (Peut-être un peu moins triste ... )
_________________
Le_neptunien
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Le_neptunien a écrit:Gnagnagna !Simulacra a écrit:Euh, je n'écris pas d'érticle c'est quoi un érticle ?Le_neptunien a écrit:Un magnifique texte !!! Beaucoup d'émotions et de sentiments. Ne me dis que tu n'écris aps d'érticles, je ne te croirais pas ! lol
En tout cas, bravo !
Pas trop d'articles non plus :/
Et sinon, en as-tu d'autres comme ça ?! (Peut-être un peu moins triste ... )
D'autres, oui, mais pas forcément moins triste
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Le_neptunien a écrit:Vas-y, envoie !!
Pfffff euh... ce petit truc là, je l'avais écris en carte blanche de théâtre...
Une idée…
Gidas cherchait une idée.
Quand l’on a même pas 11 ans, que l’on a des rêves pleins la tête et que l’on fait parti d’une majorité minoritaire, l’on cherche forcement un idée.
Une majorité minoritaire, c’est quand les petites minorités, celles que l’on ignore, que l’on rejette, que l’on déteste, pour leurs différences et leur couleur de peau finissent par s’unir et se retrouvent en surnombre face à leurs bourreaux.
Gidas, lui, n’était rien d’autre qu’un fils de bourreau, à vrai dire, il ne savait même pas que son père était un bourreau, il ne savait pas que son père détestait autant qu’il était détesté, il ne savait pas que son père n’avait pas d’âme, il ne savait pas que son père était un monstre… il aimait son père, son père l’aimait, comment pouvait il savoir que des gens n’aimaient pas son père ?
Gidas était seul, seul dans le noir, il avait peur.
Depuis sa naissance, il n’avait entendu que le même discourt : il était supérieur !
Les autres, - quels autres ? - n’étaient la que pour le servir, lui, le supérieur !
C’était une connaissance, un acquis, comme l’on apprend à compter, comme deux et deux font quatre, comme a et u faut au, comme toutes les vérités du monde, Gidas était un être supérieur ! C’est son père qui lui avait dit, et lorsque l’on apprend à lire, à écrire et à compter, l’on emmagasine le savoir, et l’on pose le moins de question possible à son père, surtout lorsque le soir, il rentre les mains tachées de rouge. Taché de quoi ? Tu es trop jeune pour comprendre, tu es supérieur… juste supérieur…
Sauf que lorsque l’on a même pas 11 ans, que l’on se cache dans un placard, que l’on a vu, devant ses yeux d’enfant, son père se faire poignarder, sa mère se faire égorger et sa sœur se faire violer, on peut se réciter autant de fois que l’on veut ses leçons, l’on finit par se poser quelques questions….
Gidas a peur, c’est normal, ils le cherchent, lui le « supérieur ». Les gens n’aiment pas les supérieurs, mais ça, Gidas ne le comprend pas et ne l’accepte pas ! Qu’a-t-il fait lui ? Il est juste supérieur, il ne l’a pas décidé ! Ce sont les autres qui sont jaloux, ce sont les autres qui ont un problème, lui, il n’a rien fait de mal ! Il a juste appris ces leçons, comme on lui demandait !
Pourquoi avait on tué son papa ? Cet homme qu’il aimait tant ? Pourquoi est ce qu’on le cherchait, lui aussi, alors qu’il n’avait rien fait ! Il avait vu à la télé, peu avant cette terrible soirée, que « la révolution » était en marche, que les minoritaires, devenus majoritaires, faisaient une grande fête en brûlant tout ! Gidas avait de la peine pour ces pauvres gens, qui faute de bois, étaient obligés de mettre le feu aux voitures et aux maisons… et puis… ces gens étaient idiots ! Surtout ceux de la télévision ! La révolution, c’était en 1789 en France, ça ne pouvait pas être aujourd’hui à la télé ! Il le savait, il avait eu 18 en histoire ! Gidas était doué en histoire, il aimait ça… il se demandait juste pourquoi l’on ne parlait jamais pendant le cours d’histoire des événements récents… La maîtresse devait trouver ça ennuyant ! C’est vrai, la révolution de 1789, c’est bien plus amusant !
Gidas était donc seul dans son placard, il ne comprenait pas… il ne comprenait pas pourquoi son père avait été tué, pourquoi les « inférieurs » jouaient à la révolution, pourquoi tant de haine, de rage, de guerre, de meurtre, de viol, de violence, de souffrance, de saleté, d’hypocrisie, de destruction, de mal…
Il cherchait une idée, comment survivre… il n’avait jamais vu ça à l’école, « comment survivre ? »… dans ses larmes, il y avait aussi nombres d’autres interrogations, dons une, qui complétait à merveille la dernière : « pourquoi survivre ? »
Pourquoi et Comment, les enfants posent toujours ce genre de question, Gidas est un enfant, il se les pose… mais il n’y a plus personne pour lui répondre, son père, cette masse de chair et de sang inerte, sa maîtresse, qui, lors de la sortie, au lieu d’un simple au revoir, avait dit « adieu » à ses élèves, avant de retourner dans sa classe… C’était étrange ça ! Jamais elle ne retournait dans sa classe après la sortie la maîtresse… et puis cette affreuse odeur d’essence dans la classe… Gidas ne comprenait pas, vraiment pas… les adultes sont si compliqués…
Gidas… Gidas… Gidas…
Petit Gidas, ce que tu vis, ça a un nom, laisse moi te répondre… ce que tu vis, c’est le racisme, les préjugés, la haine, la bêtise humaine… ce que tu vis, c’est la bêtise de tes aînés.
Ce que tu vis, c’est ce qu’il faut éviter, pour tes enfants, tes petits enfants, les générations futurs, c’est ça… la bêtise des grands
L’histoire est écrite pas les vainqueurs, toi, tu as perdu
Tu as perdu… non… on a tous perdu… mais ça, l’histoire ne le comprend pas !
La perte, c’est l’absence de victoire
La victoire, c’est quand il n’y a plus de perdant.
--> Le plus dur ayant été de l'apprendre par cœur
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
Intéréssant ... Dur comme texte mais assez beau ! Fais-tu référence à un évènement particulier ? Cela sort-il entièrement de ton imagination ? Dis nous en un peu plus !Simulacra a écrit:La perte, c’est l’absence de victoire
La victoire, c’est quand il n’y a plus de perdant.
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
Le_neptunien a écrit:Intéréssant ... Dur comme texte mais assez beau ! Fais-tu référence à un évènement particulier ? Cela sort-il entièrement de ton imagination ? Dis nous en un peu plus !Simulacra a écrit:La perte, c’est l’absence de victoire
La victoire, c’est quand il n’y a plus de perdant.
Rien de particulier. C'est plutôt une situation générale qui peut arriver dans tous les pays plus ou moins totalitaires.
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Ouais, effectivement ! Merci encore !
_________________
Le_neptunien
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Le_neptunien a écrit:Ouais, effectivement ! Merci encore !
Et toi, tu écris ?
Je me rends compte que dans ce que j'écris, les enfants prennent souvent cher Les pauvres :-/
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
Heu ... Suis occupé par les jeux là ... Et puis, faut que je vérifie mais je crois que les plus longs textes que j'ai écris ont déjà été publiés ici ... Le regarde ça bientôt !Simulacra a écrit:Et toi, tu écris ?
Non mais cherche pas d'excuses, on sait bien que t'es un vrai sadique !! Demande à M., le pauvre, pris en otage !!Simulacra a écrit:Je me rends compte que dans ce que j'écris, les enfants prennent souvent cher Les pauvres :-/
_________________
Le_neptunien
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Simulacra, heureusement que tes écrits sont des fictions... ou pas.
Dans les commentaires de l'Olympia, Simulacra a écrit:sous le nez de sa mère, nous avons kidnappé le petit frère d’un petit chanteur pour le garder en otage dans le sous sol d’un bar pas loin. L’opération kidnapping a été un réel succès, et nous avons fait picoler le petit...
jak- Nombre de messages : 1313
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Date d'inscription : 30/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Le_neptunien a écrit:Heu ... Suis occupé par les jeux là ... Et puis, faut que je vérifie mais je crois que les plus longs textes que j'ai écris ont déjà été publiés ici ... Le regarde ça bientôt !Simulacra a écrit:Et toi, tu écris ?Non mais cherche pas d'excuses, on sait bien que t'es un vrai sadique !! Demande à M., le pauvre, pris en otage !!Simulacra a écrit:Je me rends compte que dans ce que j'écris, les enfants prennent souvent cher Les pauvres :-/
Je revendique ce kidnapping. Nous n'avions pas le choix. Et si l'occasion se présentait, je recommencerais. J'ai jamais mieux réussi à boire un verre avec L. qu'en kidnappant M.
Faudrait que je ressorte un texte ou un enfant ne morfle pas, mais en regardant dans ma liste d'archive, je me rend compte que je développe quand même vachement le thème... faut que j'écrive des trucs plus joyeux, comme des jeux.
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Allez, j'en balance un autre !
2483, Mars, un jeudi
J’ouvre les yeux
2494, Septembre, un dimanche
Je ferme les yeux.
2493, Janvier, un mardi
« Papa »
« Oui ? »
« Dis moi, c’était comment la terre quand tu étais
vivant ? »
2053, Décembre, un vendredi
L’apocalypse était une invention humaine, Gérard en été
persuadé. Les textes sacrés, ils les connaissaient, ceux de toutes les
religions, qui tous décrivaient comme but ultime la rédemption humaine. Oui,
les textes, il les connaissait, il les connaissait très bien, il avait
participé à la mission dirigée par l’ONU afin de prouver que les religions
n’étaient que des inventions humaines utilisées pour diriger et manipuler
d’autres hommes.
Pourquoi cette mission ? Pourquoi donc s’attaquer
ainsi au fondement de toutes les croyances? La guerre de 2044 avait laissé des
traces, mais, à la différence des grandes guerres du siècle précédent, cette
dernière était uniquement une affaire de religion… avec la mondialisation
économique et la standardisation du niveau de vie, il n’y avait déjà plus,
depuis longtemps, de notion d’état, et l’identité nationale avait laissé sa
place à l’identité religieuse.
Un enfant de 10 ans avait tout déclenché. Son fils
d’ailleurs. Gérard était un physicien agnostique de renommée internationale, il
n’avait pas le temps de s’occuper de Lucas, ni le temps de le surveiller…
2043, Mars, un jeudi
« Monsieur Leduc ? Téléphone pour
vous ! »
« Qui est-ce ? »
« Je crois que c’est votre fils »
« Pas le temps, je le rappellerais plus tard. »
C’était toujours la même chose, son père n’avait pas le
temps de le prendre au téléphone… pourtant, Lucas était fier de lui, il venait
encore une fois de décrocher la meilleure note dans sa classe virtuelle, qu’il
suivait comme tous les enfants de son âge à domicile. Il faut dire qu’en 2043,
avec les tensions religieuses et l’avancée des nouvelles technologies, c’était
à la fois inutile et stupide de laisser ses enfants dehors tout seuls.
Et comme tous les jours, Lucas s’ennuyait, fermement…
personne à qui parler, pas de copains, pas de copines, une mère décédée jeune,
un père qui travaille, et un androïde pour s’occuper de lui.
Enfin, s’occuper, c’est un bien grand mot… Lucas avait
l’impression qu’il s’occupait de la machine plus qu’elle ne s’occupait de lui
« Et n’oublie pas, il lui faut de l’huile toutes
les heures »
En 2043, la vie était quand même bien ennuyante
2493, Janvier, un mardi
« Papa »
« Oui ? »
« Alors, la vie, quand tu étais
vivant ? »
« Quand j’étais vivant… ba… la terre était
différente… il y avait plus d’animaux que tu ne peux l’imaginer. Quand j’étais
jeune, je courais dans les prés, même qu’une fois, j’ai glissé dans du
crottin… »
7Uc45 ne pouvait pas s’empêcher de rire et de sourire,
les histoires de son père étaient toujours amusantes.
2043, Mars, un vendredi
« Monsieur Leduc ? »
« Quoi encore ? »
« Votre fils… »
« Oh, il me fait chier celui là… passez le
moi …. …. Oui, Lucas, qu’est ce qu’il y a ? »
« Est-ce qu’on peut sortir ce week end ? Tu
me l’avais promis… »
« Hein ? Je ne m’en souviens pas, laisse moi
travailler s’il te plait »
Pourtant, il lui avait promis, c’était demain…
2043, Mars, un samedi
« Joyeux anniversaire, Lucas »
« Merci l’androïde… »
Lucas bouillait de rage, il fulminait, jamais il ne fut
aussi furieux qu’à ce moment précis… pourtant, c’était dans les usages
« Le jour de ses 10 ans, le jeune garçon va au temple des religions
universelles avec sa famille pour y recevoir le baptême de paix et d’amour de
toutes les religions ».
Oui, son père était agnostique, mais cette tradition
était rentrée dans les meurs, en 2020, après la fin de la guerre Americano –
Musulmane. Un grand penseur de l’époque, voyant les religions devenir de plus en
plus violentes, avait décidé de créer ce rituel, cette cérémonie, ou tous les
jeunes garçons recevrait le baptême universel, symbole de paix et d’amour…
Et son père lui avait promis. Mais son père préférait
son travail de « physicien »… c’est ca, tu parles, il savait très
bien que son père était à la solde des militaires, et qu’il se fichait bien du
bonheur de son fils.
Puisque c’était ainsi, Lucas irait seul.
2493, Janvier, un mercredi
« Papa »
« Oui ? »
« Pourquoi es tu mort ? »
« A cause de la guerre… en 2053 si je me souviens
bien… celle qu’on nommait l’apocalypse… »
« Mais, pourquoi j’existe si tu es
mort ? »
« Tu as toujours existé, tu ne t’en souviens juste
plus. »
2053, Décembre, un vendredi
L’apocalypse… une invention humaine donc… dans les textes.
Ce que Gérard ne savait pas, c’est que les hommes avaient un pouvoir qu’aucune
autre espèce animale ne possédait, le pouvoir de rendre possible des choses
pourtant inventées.
Les hommes venaient de créer l’apocalypse.
2493, Mars, un lundi
Depuis deux mois, cette phrase résonnait dans l’esprit
de 7Uc45… « Tu as toujours existé, tu ne t’en souviens juste plus. »
A ce que 7Uc45 savait, c’est qu’il était un sujet d’expérience, qu’il n’avait
jamais vu la lumière du jour, qu’il possédait un corps composé à la fois de
tissus humains et de pièces métalliques, et que son « père », son
créateur, ne s’adressait à lui que par écran interposé.
Pourtant, son père disait être mort… son père disait
être un physicien de l’ancien temps, pré-apocalyptique… Comment un être mort
avait pu lui donner la vie, presque 10 ans avant ? Qui était-il vraiment ?
Pourquoi existait-il ?
« Papa »
« Oui ? »
« Pourquoi m’avoir créé ? »
« Pour que tu puisses pardonner »
Les expériences étaient nombreuses en cette période,
mais souvent, c’était pour faire avancer la recherche, sauver des vies… mais
pardonner ? 7Uc45 savait qu’il était destiné à quelque chose, mais à
quoi ?
7Uc45 venait d’avoir 10 ans.
2043, Mars, un samedi, le même que
précédemment
Le ciel était bleu et le soleil brillait au dessus de
sa tête. Lucas avait pris son courage a deux mains et s’était lancé, seul, à la
découverte du monde…. Après avoir empruntés les mono-rail bioéléctroniques,
Lucas était enfin arrivé devant le temple.
Sans son père
2053, Décembre, un vendredi
Gerard se souvenait… en 2044, son fils avait fait une
erreur qui avait déclenché une guerre… suite à cela, l’ONU avait décidé de
s’attaquer à toutes les religions en les rendant illégales, et en démontrant
point par point que tout n’était qu’inventions et manipulations.
C’était peut être pour se racheter que Gérard avait
décidé de participer au projet.
Mais si on peut faire taire le fanatisme, on ne peut
pas l’étouffer… et malgré les efforts de l’organisation, ils avaient échoués à
faire disparaitre toute forme de religion. Pire, deux clans s’étaient formés,
les religieux d’un côté et les scientifiques de l’autres, ceux qui croyaient et
ceux qui savaient. Il était scientifique. Sa fin était proche, il ne pouvait
pas survivre à l’apocalypse.
Il ne lui restait plus qu’à finir la programmation de
son testament. C’était la première fois qu’un homme faisait ca… graver en
signal informatique toute son existence pour continuer à vivre malgré la mort.
Gérard fondit en larme à cette pensée… se disant que
son fils n’avait lui, pas eu cette chance…
2493, Mars, un mardi.
7Uc45 avait décidé de fouiller toutes les archives du
monde ancien… pardonner, mais pardonner quoi ? La mort de son père ? La
folie des hommes ? Cela lui semblait tellement loin, tellement étranger…
7Uc45 ne pensait qu’à jouer, s’amuser, apprendre… pourquoi doit on pardonner
quand on a à peine dix ans ?
« 7Uc45 ? »
« Oui papa ? »
« J’ai quelque chose pour toi, tu as maintenant
l’âge de commencer une nouvelle vie »
« Comment ca ? »
« Tu as rattrapé l’âge de ta mort »
L’âge de sa mort ? Il était donc mort ? Comme
un tambour, le cœur de 7Uc45 battait dans son corps de chair et de ferraille…
son cœur… c’est vrai, son cœur était d’origine.
« Dans le tiroir, une lettre pour toi »
2043, Mars, un samedi, le même que
précédemment
« Dis moi mon grand, tu es là pour le baptême
universel ? »
Lucas n’avait jamais vu autant de monde, il n’avait
jamais vu une telle agitation… des gens de toutes les religions étaient
présentes, des garçons de son âge, mais aussi des policiers, des pompiers…
comme si il venait de se passer quelque chose… ou comme si les hommes savaient
qu’il allait se passer quelque chose.
Lucas s’avançait à l’intérieur du temple, en réalité un
bâtiment tout ce qu’il y avait de plus moderne, décoré par des symboles
représentant l’histoire de l’humanité et des croyances existantes et passées. Soudain,
une journaliste s’arrêta à sa hauteur…
« Gamin, ca te dirait de passer à la
télé ? »
2053, Décembre, un vendredi, le même
que précédemment
Dehors, le bruit des bombes résonnait de manière
atrocement lourde. Les victimes de l’apocalypse se comptait déjà en milliards,
on avait dépassé, écrasé, ridiculisé le triste record de la grande guerre.
Alors même que son but, après cette guerre justement, était de créer un monde
de paix dans lequel les religions ne nuiraient plus, pour que la mort de son
fils n’ait pas été vaine, c’était le contraire qui se déroulait sous ses yeux.
Les gens étaient devenu fous… il n’y avait plus qu’une
volonté d’autodestruction commune, peut être histoire de tout remettre à plat.
Gerard ne pouvait pas ne pas y penser, toutes les
nuits, l’image de Lucas, de son corps nus et déchiqueté lui apparaissait… pourquoi
n’était il pas là ce triste jour aux côtés de son fils ? Pourquoi Lucas ?
Pourquoi cet enfant est il devenu la victime et le symbole de cette grande
guerre ? Symbole repris cette année là, 2053, par les chevaliers de
l’apocalypse dans ce qui semblait être la dernière grande tragédie humaine… Les
religieux avaient tué son fils au nom du dieu, les scientifiques avaient
riposté en récupérant l’image et la mémoire de Lucas, et en tuant en son nom,
celui d’un petit garçon qui avait dit non à la religion.
Gérard savait maintenant que son heure était venu… mais
il avait un plan, pour le futur, pour l’avenir, pour Lucas, dont il avait
miraculeusement récupéré et conservé le cœur…
Gérard allait coder son existence et sa mémoire dans un
ordinateur, ce qui déclencherait sa mort immédiate. Ainsi, peut être, dans 100
ans, dans 200 ans, dans 300 ans même, si l’humanité survivait à l’apocalypse,
il trouverait un moyen de rendre la vie à son fils… c’était son testament,
c’était son seul espoir.
Gérard posait la lettre qu’il avait écrite à Lucas dans
un coin, et tomba dans un profond sommeil… en attendant que quelqu’un réveille
sa mémoire informatisée.
2043, Mars, un samedi, le même que
précédemment
Lucas avait été choisi pour passer à la télé le jour de
son baptême… pourtant, quelque chose de lourd le gênait et le déstabilisait.
Dans l’assistance, des gens le regardaient, les yeux
fixés sur lui, accusateurs, comme s’il était coupable d’exister. Et chez eux,
c’étaient des centaines de millions de personnes qui le fixaient de la même
manière.
« Alors mon grand, tu es heureux ? Tu vas
devenir un homme ? »
Mais Lucas n’était pas heureux, il n’avait aucune envie
de devenir un homme, tout ce qu’il voulait, s’était passer du temps avec son
père.
« O… ou… Oui, bien sur… »
« Est-ce que tu peux nous dire en quel dieu tu
crois ? »
Mais Lucas ne croyait pas en Dieu, il ne croyait même
pas en son père, comment pouvait il donc croire en un quelconque Dieu ? Et
tous ces gens, qui lui voulaient-ils ? Pourquoi lui ? Pourquoi ne
pouvait-on pas simplement lui mettre une goute d’eau sur le front comme tout le
monde ? Était-on obligé de réaliser ce cirque autour de lui ? Lucas
fondit en larme, et ne peut dire que ces mots…
« Je m’en fou de Dieu, ce que je veux, c’est mon
papa »
Je m’en fou de dieu…
Après, peu de gens ont compris ce qu’il s’est passé,
mais tout le monde l’a vu… télévision oblige. Un groupe de fanatique, à ces
mots là, est sorti du rang et ses membres sont devenus comme fous. Ils ont tout
cassé, tout brisé et se sont approché de Lucas devant l’œil impassible des
témoins.
Après l’avoir passé à tabac et dénudé complètement, ils
l’ont humiliés de la pire des manières devant le monde entier pendant de
longues minutes
Dépossédé de ses habits et de sa dignité, Lucas ne
pouvait faire que pleurer et se taire. Il ne comprenait lui-même pas ce qu’il
se passait, il ne comprenait pas qu’il était victime du fanatisme et qu’il
avait dit le mot de trop.
Il fut laissé pour mort et de son cadavre est née la
grande guerre.
Plusieurs camps se formèrent, ceux qui voulaient venger
l’enfant, ceux qui voulaient au contraire faire connaitre le même châtiment à
tous les infidèles… chaque religion avait son mot d’ordre, sa raison d’agir, un
combat légitime, qui fit des centaines de millions de victimes.
2493, Mars, un mardi, le même que
précédemment
7Uc45 tenait entre ses mains la lettre… il hésita
longtemps avant de la lire. Elle avait été écrite par son père, à l’époque ou
ce dernier était encore vivant et non pas une simple machine comme aujourd’hui…
De chaudes larmes coulaient déjà sur ses joues roses
avant même de commencer la lecture… il savait qu’il n’y avait dedans que des
choses tristes… après tout, son père était mort, lui-même l’était, parait il…
Dans sa poitrine d’acier, son cœur d’humain battait on ne pouvait plus fort.
« Lucas,
Cette lettre, je ne sais pas si tu la liras un jour.
Après tout, tu n’es plus de ce monde.
Cela fait déjà 10 ans que tu m’as quitté, à moins que
ca ne soit moi qui t’ai abandonné… ce jour là, celui de ta mort, j’aurais du
être avec toi. Je t’en avais fait la promesse.
Je suis un menteur… tu peux avoir honte de ton père…
j’étais tellement pris par mes recherches que j’ai fais semblant de ne pas
savoir, de ne pas voir. Je m’en fichais… tes appels répétitifs, jours après
jour, ton anniversaire, ton désir d’être avec moi… je m’en fichais, j’ai honte.
J’ai tout gâché, les trop courtes années de ta vie, ton
bonheur, ton existence… jusqu’à ce jour où tu as eu 10 ans, et où je n’étais
pas là.
Je suis un mauvais père, le pire de tous.
Si seulement, à ce moment là, j’avais été avec toi…
alors tu n’aurais jamais prononcé ces mots qui t’ont condamné, rien de tout
cela ne serait arrivé, ni la guerre, ni ta mort. Si seulement.
Lucas,
Tu étais si beau, si pure, si innocent. Tu étais mon
soleil, ma vie… mais mon cœur, déjà, était dans l’ombre et je me dirigeais vers
les ténèbres, je ne voulais rien voir, rien entendre, j’étais devenu insensible
à ta lumière.
Pardon.
Je suis le seul responsable de ce qui s’est passé, je
suis le seul responsable de tes souffrances… Bien sur, c’est trop tard, trop
tard pour s’excuser, puisque tu n’es plus là, puisqu’on t’a prit à moi…
Après ce qu’ils t’ont fait, ce fut la guerre… puis de
nouveau la paix. En ton nom, des scientifiques, dons je fais partis, ont décidé
d’éradiquer ce mal qui t’avait tué, la religion.
Mais le mal véritable, celui qu’ils n’ont pas pensé à
éradiquer, le seul coupable, le seul qui ne t’ai jamais blessé, c’est moi.
Aujourd’hui, la guerre a repris, plus violente encore…
Tu fus tué par les hommes, et les hommes tuent en ton nom salissant ta mémoire,
alors que tu n’attendais rien d’autre que de l’amour.
Lucas,
Même loin de moi, tu restes mon fils, ma lumière. Je
n’ai plus rien à t’offrir si ce n’est ma vie. Aujourd’hui, je vais mettre un
terme à mon existence physique, je vais transférer ma mémoire sous forme
informatique. Ainsi, pendant des années, des siècles, je pourrais travailler à
te faire revivre… oui, j’y crois. Il me reste ton cœur, que j’ai pu récupérer
sur ton corps ce jour là. Je suis sur que d’ici quelques siècles, l’humanité
sera débarrassé de se fléau nommé religion, et je suis sur que la science sera
assez avancée pour réaliser ce genre de miracle.
Lucas,
Si un jour tu lis cette lettre, alors c’est que
j’aurais réussis mon pari.
Lucas,
Pardonne leur, pardonne à l’humanité, pardonne ce
qu’ils t’ont fait, pardonne ce qu’ils ont fait en ton nom.
Pardonne-moi.
Mon fils, mon bébé, mon trésor… ce sont les derniers
mots que je t’adresse de mon vivant… je peux donc en profiter pour te dire ce
que j’aurais du te dire bien avant.
Je t’aime.
Plus que tout.
Pardon.
Ton père, Gérard Leduc. »
Les larmes coulaient sans discontinuer sur les joues de
7Uc45… tout était clair, limpide… la mémoire enfuit dans son cœur se propagea à
tout son système nerveux. Il savait ce qu’il s’était passé… la mort, le manque
d’un père, qui il était…
Lucas… son prénom… Oui, c’était vrai… 7Uc45 n’en était
qu’une transcription graphique modernisée…
C’était donc ca… le secret de son existence, sa
première mort, sa nouvelle vie… dans sa tête, ce jour d’hiver 2043 était hier…
la violence des coups, des mots, le regard des gens.
Lucas pouvait revivre, enfin.
2494, Septembre, un dimanche
Plusieurs mois sont passés depuis que j’ai lu cette
lettre.
Très rapidement, mes souvenirs de mon ancienne vie me
sont revenus. Ainsi, si les anciens considéraient que le cœur était le foyer
des sentiments, ce n’était pas uniquement par pure superstition, la science
avait prouvée que chaque émotion était codée dans les compartiments du muscle
de la vie.
Je suis 7Uc45… ce qu’on peut nommer un cyborg… une
partie de mon corps est mécanique, une autre est humaine… mon cœur est celui de
Lucas, celui que j’étais lors de ma première existence.
Je suis né en 2033, mon père était physicien, ma mère
est morte à ma naissance. Pendant 10 ans, j’ai vécu dans un manque d’affection,
et mon père ne s’en rendait même pas compte.
En 2043, lors de mes 10 ans, je suis allé seul au
« baptême universel », mon père refusant de m’accompagner. Stressé
par les événements, j’ai dis devant le monde entier que je me foutais de dieu.
Des fanatiques ont surgi de nulle part et m’ont tués.
Fin de l’existence de Lucas, fin de l’acte 1.
Suite à ca, une guerre de religion, dons je fus un
symbole a éclaté… puis la paix, puis une nouvelle guerre, pire encore. C’est le
moment qu’a choisis mon père pour coder son existence dans un ordinateur et
disparaitre de la surface de la terre… avec comme but avoué de me redonner vie
quand la science en serait capable.
Ce fut chose faite en 2483, prêt de 450 ans après sa
disparition, ou, aidé par les scientifiques actuels, sa mémoire a pu me donner
un nouveau corps dans lequel repose mon cœur. Je suis devenu 7Uc45
10 ans auront été nécessaire afin que le cœur prenne à
cette enveloppe corporelle et que mes souvenirs me reviennent.
Depuis, mon existence a été rendu publique… je vis
comme un enfant de mon âge en 2493.
Et j’ai pardonné.
J’ai pardonné à ceux qui m’ont tué. Ils ne savaient pas
ce qu’ils faisaient, ils ne savaient pas qu’ils étaient dans l’erreur.
J’ai pardonné à ceux qui ont utilisé mon nom. Ils
croyaient en ce qu’ils faisaient, ils ne pouvaient pas savoir.
J’ai pardonné à mon père. Maintenant, je le sais, il m’aimait…
et moi aussi je l’aime.
Ainsi, la paix peut enfin s’installer sur l’humanité…
il est temps de faire un trais sur l’histoire et d’aller de l’avant… certaines
espèces animales vont subir le même traitement que moi et ainsi, revenir à la
vie, afin d’effacer les erreurs des hommes.
Je n’ai que 11 ans, et quelques siècles, mais ca, c’est
négligeable. Et comme tout enfant de mon âge, il faut que je pense à dormir…
2494, Septembre, un dimanche
Je ferme les yeux.
Demain est un autre jour…
Je ne veux manquer pour rien au monde le lever du
soleil.
Papa, je t’aime.
FIN.
7Uc45
2483, Mars, un jeudi
J’ouvre les yeux
2494, Septembre, un dimanche
Je ferme les yeux.
2493, Janvier, un mardi
« Papa »
« Oui ? »
« Dis moi, c’était comment la terre quand tu étais
vivant ? »
2053, Décembre, un vendredi
L’apocalypse était une invention humaine, Gérard en été
persuadé. Les textes sacrés, ils les connaissaient, ceux de toutes les
religions, qui tous décrivaient comme but ultime la rédemption humaine. Oui,
les textes, il les connaissait, il les connaissait très bien, il avait
participé à la mission dirigée par l’ONU afin de prouver que les religions
n’étaient que des inventions humaines utilisées pour diriger et manipuler
d’autres hommes.
Pourquoi cette mission ? Pourquoi donc s’attaquer
ainsi au fondement de toutes les croyances? La guerre de 2044 avait laissé des
traces, mais, à la différence des grandes guerres du siècle précédent, cette
dernière était uniquement une affaire de religion… avec la mondialisation
économique et la standardisation du niveau de vie, il n’y avait déjà plus,
depuis longtemps, de notion d’état, et l’identité nationale avait laissé sa
place à l’identité religieuse.
Un enfant de 10 ans avait tout déclenché. Son fils
d’ailleurs. Gérard était un physicien agnostique de renommée internationale, il
n’avait pas le temps de s’occuper de Lucas, ni le temps de le surveiller…
2043, Mars, un jeudi
« Monsieur Leduc ? Téléphone pour
vous ! »
« Qui est-ce ? »
« Je crois que c’est votre fils »
« Pas le temps, je le rappellerais plus tard. »
C’était toujours la même chose, son père n’avait pas le
temps de le prendre au téléphone… pourtant, Lucas était fier de lui, il venait
encore une fois de décrocher la meilleure note dans sa classe virtuelle, qu’il
suivait comme tous les enfants de son âge à domicile. Il faut dire qu’en 2043,
avec les tensions religieuses et l’avancée des nouvelles technologies, c’était
à la fois inutile et stupide de laisser ses enfants dehors tout seuls.
Et comme tous les jours, Lucas s’ennuyait, fermement…
personne à qui parler, pas de copains, pas de copines, une mère décédée jeune,
un père qui travaille, et un androïde pour s’occuper de lui.
Enfin, s’occuper, c’est un bien grand mot… Lucas avait
l’impression qu’il s’occupait de la machine plus qu’elle ne s’occupait de lui
« Et n’oublie pas, il lui faut de l’huile toutes
les heures »
En 2043, la vie était quand même bien ennuyante
2493, Janvier, un mardi
« Papa »
« Oui ? »
« Alors, la vie, quand tu étais
vivant ? »
« Quand j’étais vivant… ba… la terre était
différente… il y avait plus d’animaux que tu ne peux l’imaginer. Quand j’étais
jeune, je courais dans les prés, même qu’une fois, j’ai glissé dans du
crottin… »
7Uc45 ne pouvait pas s’empêcher de rire et de sourire,
les histoires de son père étaient toujours amusantes.
2043, Mars, un vendredi
« Monsieur Leduc ? »
« Quoi encore ? »
« Votre fils… »
« Oh, il me fait chier celui là… passez le
moi …. …. Oui, Lucas, qu’est ce qu’il y a ? »
« Est-ce qu’on peut sortir ce week end ? Tu
me l’avais promis… »
« Hein ? Je ne m’en souviens pas, laisse moi
travailler s’il te plait »
Pourtant, il lui avait promis, c’était demain…
2043, Mars, un samedi
« Joyeux anniversaire, Lucas »
« Merci l’androïde… »
Lucas bouillait de rage, il fulminait, jamais il ne fut
aussi furieux qu’à ce moment précis… pourtant, c’était dans les usages
« Le jour de ses 10 ans, le jeune garçon va au temple des religions
universelles avec sa famille pour y recevoir le baptême de paix et d’amour de
toutes les religions ».
Oui, son père était agnostique, mais cette tradition
était rentrée dans les meurs, en 2020, après la fin de la guerre Americano –
Musulmane. Un grand penseur de l’époque, voyant les religions devenir de plus en
plus violentes, avait décidé de créer ce rituel, cette cérémonie, ou tous les
jeunes garçons recevrait le baptême universel, symbole de paix et d’amour…
Et son père lui avait promis. Mais son père préférait
son travail de « physicien »… c’est ca, tu parles, il savait très
bien que son père était à la solde des militaires, et qu’il se fichait bien du
bonheur de son fils.
Puisque c’était ainsi, Lucas irait seul.
2493, Janvier, un mercredi
« Papa »
« Oui ? »
« Pourquoi es tu mort ? »
« A cause de la guerre… en 2053 si je me souviens
bien… celle qu’on nommait l’apocalypse… »
« Mais, pourquoi j’existe si tu es
mort ? »
« Tu as toujours existé, tu ne t’en souviens juste
plus. »
2053, Décembre, un vendredi
L’apocalypse… une invention humaine donc… dans les textes.
Ce que Gérard ne savait pas, c’est que les hommes avaient un pouvoir qu’aucune
autre espèce animale ne possédait, le pouvoir de rendre possible des choses
pourtant inventées.
Les hommes venaient de créer l’apocalypse.
2493, Mars, un lundi
Depuis deux mois, cette phrase résonnait dans l’esprit
de 7Uc45… « Tu as toujours existé, tu ne t’en souviens juste plus. »
A ce que 7Uc45 savait, c’est qu’il était un sujet d’expérience, qu’il n’avait
jamais vu la lumière du jour, qu’il possédait un corps composé à la fois de
tissus humains et de pièces métalliques, et que son « père », son
créateur, ne s’adressait à lui que par écran interposé.
Pourtant, son père disait être mort… son père disait
être un physicien de l’ancien temps, pré-apocalyptique… Comment un être mort
avait pu lui donner la vie, presque 10 ans avant ? Qui était-il vraiment ?
Pourquoi existait-il ?
« Papa »
« Oui ? »
« Pourquoi m’avoir créé ? »
« Pour que tu puisses pardonner »
Les expériences étaient nombreuses en cette période,
mais souvent, c’était pour faire avancer la recherche, sauver des vies… mais
pardonner ? 7Uc45 savait qu’il était destiné à quelque chose, mais à
quoi ?
7Uc45 venait d’avoir 10 ans.
2043, Mars, un samedi, le même que
précédemment
Le ciel était bleu et le soleil brillait au dessus de
sa tête. Lucas avait pris son courage a deux mains et s’était lancé, seul, à la
découverte du monde…. Après avoir empruntés les mono-rail bioéléctroniques,
Lucas était enfin arrivé devant le temple.
Sans son père
2053, Décembre, un vendredi
Gerard se souvenait… en 2044, son fils avait fait une
erreur qui avait déclenché une guerre… suite à cela, l’ONU avait décidé de
s’attaquer à toutes les religions en les rendant illégales, et en démontrant
point par point que tout n’était qu’inventions et manipulations.
C’était peut être pour se racheter que Gérard avait
décidé de participer au projet.
Mais si on peut faire taire le fanatisme, on ne peut
pas l’étouffer… et malgré les efforts de l’organisation, ils avaient échoués à
faire disparaitre toute forme de religion. Pire, deux clans s’étaient formés,
les religieux d’un côté et les scientifiques de l’autres, ceux qui croyaient et
ceux qui savaient. Il était scientifique. Sa fin était proche, il ne pouvait
pas survivre à l’apocalypse.
Il ne lui restait plus qu’à finir la programmation de
son testament. C’était la première fois qu’un homme faisait ca… graver en
signal informatique toute son existence pour continuer à vivre malgré la mort.
Gérard fondit en larme à cette pensée… se disant que
son fils n’avait lui, pas eu cette chance…
2493, Mars, un mardi.
7Uc45 avait décidé de fouiller toutes les archives du
monde ancien… pardonner, mais pardonner quoi ? La mort de son père ? La
folie des hommes ? Cela lui semblait tellement loin, tellement étranger…
7Uc45 ne pensait qu’à jouer, s’amuser, apprendre… pourquoi doit on pardonner
quand on a à peine dix ans ?
« 7Uc45 ? »
« Oui papa ? »
« J’ai quelque chose pour toi, tu as maintenant
l’âge de commencer une nouvelle vie »
« Comment ca ? »
« Tu as rattrapé l’âge de ta mort »
L’âge de sa mort ? Il était donc mort ? Comme
un tambour, le cœur de 7Uc45 battait dans son corps de chair et de ferraille…
son cœur… c’est vrai, son cœur était d’origine.
« Dans le tiroir, une lettre pour toi »
2043, Mars, un samedi, le même que
précédemment
« Dis moi mon grand, tu es là pour le baptême
universel ? »
Lucas n’avait jamais vu autant de monde, il n’avait
jamais vu une telle agitation… des gens de toutes les religions étaient
présentes, des garçons de son âge, mais aussi des policiers, des pompiers…
comme si il venait de se passer quelque chose… ou comme si les hommes savaient
qu’il allait se passer quelque chose.
Lucas s’avançait à l’intérieur du temple, en réalité un
bâtiment tout ce qu’il y avait de plus moderne, décoré par des symboles
représentant l’histoire de l’humanité et des croyances existantes et passées. Soudain,
une journaliste s’arrêta à sa hauteur…
« Gamin, ca te dirait de passer à la
télé ? »
2053, Décembre, un vendredi, le même
que précédemment
Dehors, le bruit des bombes résonnait de manière
atrocement lourde. Les victimes de l’apocalypse se comptait déjà en milliards,
on avait dépassé, écrasé, ridiculisé le triste record de la grande guerre.
Alors même que son but, après cette guerre justement, était de créer un monde
de paix dans lequel les religions ne nuiraient plus, pour que la mort de son
fils n’ait pas été vaine, c’était le contraire qui se déroulait sous ses yeux.
Les gens étaient devenu fous… il n’y avait plus qu’une
volonté d’autodestruction commune, peut être histoire de tout remettre à plat.
Gerard ne pouvait pas ne pas y penser, toutes les
nuits, l’image de Lucas, de son corps nus et déchiqueté lui apparaissait… pourquoi
n’était il pas là ce triste jour aux côtés de son fils ? Pourquoi Lucas ?
Pourquoi cet enfant est il devenu la victime et le symbole de cette grande
guerre ? Symbole repris cette année là, 2053, par les chevaliers de
l’apocalypse dans ce qui semblait être la dernière grande tragédie humaine… Les
religieux avaient tué son fils au nom du dieu, les scientifiques avaient
riposté en récupérant l’image et la mémoire de Lucas, et en tuant en son nom,
celui d’un petit garçon qui avait dit non à la religion.
Gérard savait maintenant que son heure était venu… mais
il avait un plan, pour le futur, pour l’avenir, pour Lucas, dont il avait
miraculeusement récupéré et conservé le cœur…
Gérard allait coder son existence et sa mémoire dans un
ordinateur, ce qui déclencherait sa mort immédiate. Ainsi, peut être, dans 100
ans, dans 200 ans, dans 300 ans même, si l’humanité survivait à l’apocalypse,
il trouverait un moyen de rendre la vie à son fils… c’était son testament,
c’était son seul espoir.
Gérard posait la lettre qu’il avait écrite à Lucas dans
un coin, et tomba dans un profond sommeil… en attendant que quelqu’un réveille
sa mémoire informatisée.
2043, Mars, un samedi, le même que
précédemment
Lucas avait été choisi pour passer à la télé le jour de
son baptême… pourtant, quelque chose de lourd le gênait et le déstabilisait.
Dans l’assistance, des gens le regardaient, les yeux
fixés sur lui, accusateurs, comme s’il était coupable d’exister. Et chez eux,
c’étaient des centaines de millions de personnes qui le fixaient de la même
manière.
« Alors mon grand, tu es heureux ? Tu vas
devenir un homme ? »
Mais Lucas n’était pas heureux, il n’avait aucune envie
de devenir un homme, tout ce qu’il voulait, s’était passer du temps avec son
père.
« O… ou… Oui, bien sur… »
« Est-ce que tu peux nous dire en quel dieu tu
crois ? »
Mais Lucas ne croyait pas en Dieu, il ne croyait même
pas en son père, comment pouvait il donc croire en un quelconque Dieu ? Et
tous ces gens, qui lui voulaient-ils ? Pourquoi lui ? Pourquoi ne
pouvait-on pas simplement lui mettre une goute d’eau sur le front comme tout le
monde ? Était-on obligé de réaliser ce cirque autour de lui ? Lucas
fondit en larme, et ne peut dire que ces mots…
« Je m’en fou de Dieu, ce que je veux, c’est mon
papa »
Je m’en fou de dieu…
Après, peu de gens ont compris ce qu’il s’est passé,
mais tout le monde l’a vu… télévision oblige. Un groupe de fanatique, à ces
mots là, est sorti du rang et ses membres sont devenus comme fous. Ils ont tout
cassé, tout brisé et se sont approché de Lucas devant l’œil impassible des
témoins.
Après l’avoir passé à tabac et dénudé complètement, ils
l’ont humiliés de la pire des manières devant le monde entier pendant de
longues minutes
Dépossédé de ses habits et de sa dignité, Lucas ne
pouvait faire que pleurer et se taire. Il ne comprenait lui-même pas ce qu’il
se passait, il ne comprenait pas qu’il était victime du fanatisme et qu’il
avait dit le mot de trop.
Il fut laissé pour mort et de son cadavre est née la
grande guerre.
Plusieurs camps se formèrent, ceux qui voulaient venger
l’enfant, ceux qui voulaient au contraire faire connaitre le même châtiment à
tous les infidèles… chaque religion avait son mot d’ordre, sa raison d’agir, un
combat légitime, qui fit des centaines de millions de victimes.
2493, Mars, un mardi, le même que
précédemment
7Uc45 tenait entre ses mains la lettre… il hésita
longtemps avant de la lire. Elle avait été écrite par son père, à l’époque ou
ce dernier était encore vivant et non pas une simple machine comme aujourd’hui…
De chaudes larmes coulaient déjà sur ses joues roses
avant même de commencer la lecture… il savait qu’il n’y avait dedans que des
choses tristes… après tout, son père était mort, lui-même l’était, parait il…
Dans sa poitrine d’acier, son cœur d’humain battait on ne pouvait plus fort.
« Lucas,
Cette lettre, je ne sais pas si tu la liras un jour.
Après tout, tu n’es plus de ce monde.
Cela fait déjà 10 ans que tu m’as quitté, à moins que
ca ne soit moi qui t’ai abandonné… ce jour là, celui de ta mort, j’aurais du
être avec toi. Je t’en avais fait la promesse.
Je suis un menteur… tu peux avoir honte de ton père…
j’étais tellement pris par mes recherches que j’ai fais semblant de ne pas
savoir, de ne pas voir. Je m’en fichais… tes appels répétitifs, jours après
jour, ton anniversaire, ton désir d’être avec moi… je m’en fichais, j’ai honte.
J’ai tout gâché, les trop courtes années de ta vie, ton
bonheur, ton existence… jusqu’à ce jour où tu as eu 10 ans, et où je n’étais
pas là.
Je suis un mauvais père, le pire de tous.
Si seulement, à ce moment là, j’avais été avec toi…
alors tu n’aurais jamais prononcé ces mots qui t’ont condamné, rien de tout
cela ne serait arrivé, ni la guerre, ni ta mort. Si seulement.
Lucas,
Tu étais si beau, si pure, si innocent. Tu étais mon
soleil, ma vie… mais mon cœur, déjà, était dans l’ombre et je me dirigeais vers
les ténèbres, je ne voulais rien voir, rien entendre, j’étais devenu insensible
à ta lumière.
Pardon.
Je suis le seul responsable de ce qui s’est passé, je
suis le seul responsable de tes souffrances… Bien sur, c’est trop tard, trop
tard pour s’excuser, puisque tu n’es plus là, puisqu’on t’a prit à moi…
Après ce qu’ils t’ont fait, ce fut la guerre… puis de
nouveau la paix. En ton nom, des scientifiques, dons je fais partis, ont décidé
d’éradiquer ce mal qui t’avait tué, la religion.
Mais le mal véritable, celui qu’ils n’ont pas pensé à
éradiquer, le seul coupable, le seul qui ne t’ai jamais blessé, c’est moi.
Aujourd’hui, la guerre a repris, plus violente encore…
Tu fus tué par les hommes, et les hommes tuent en ton nom salissant ta mémoire,
alors que tu n’attendais rien d’autre que de l’amour.
Lucas,
Même loin de moi, tu restes mon fils, ma lumière. Je
n’ai plus rien à t’offrir si ce n’est ma vie. Aujourd’hui, je vais mettre un
terme à mon existence physique, je vais transférer ma mémoire sous forme
informatique. Ainsi, pendant des années, des siècles, je pourrais travailler à
te faire revivre… oui, j’y crois. Il me reste ton cœur, que j’ai pu récupérer
sur ton corps ce jour là. Je suis sur que d’ici quelques siècles, l’humanité
sera débarrassé de se fléau nommé religion, et je suis sur que la science sera
assez avancée pour réaliser ce genre de miracle.
Lucas,
Si un jour tu lis cette lettre, alors c’est que
j’aurais réussis mon pari.
Lucas,
Pardonne leur, pardonne à l’humanité, pardonne ce
qu’ils t’ont fait, pardonne ce qu’ils ont fait en ton nom.
Pardonne-moi.
Mon fils, mon bébé, mon trésor… ce sont les derniers
mots que je t’adresse de mon vivant… je peux donc en profiter pour te dire ce
que j’aurais du te dire bien avant.
Je t’aime.
Plus que tout.
Pardon.
Ton père, Gérard Leduc. »
Les larmes coulaient sans discontinuer sur les joues de
7Uc45… tout était clair, limpide… la mémoire enfuit dans son cœur se propagea à
tout son système nerveux. Il savait ce qu’il s’était passé… la mort, le manque
d’un père, qui il était…
Lucas… son prénom… Oui, c’était vrai… 7Uc45 n’en était
qu’une transcription graphique modernisée…
C’était donc ca… le secret de son existence, sa
première mort, sa nouvelle vie… dans sa tête, ce jour d’hiver 2043 était hier…
la violence des coups, des mots, le regard des gens.
Lucas pouvait revivre, enfin.
2494, Septembre, un dimanche
Plusieurs mois sont passés depuis que j’ai lu cette
lettre.
Très rapidement, mes souvenirs de mon ancienne vie me
sont revenus. Ainsi, si les anciens considéraient que le cœur était le foyer
des sentiments, ce n’était pas uniquement par pure superstition, la science
avait prouvée que chaque émotion était codée dans les compartiments du muscle
de la vie.
Je suis 7Uc45… ce qu’on peut nommer un cyborg… une
partie de mon corps est mécanique, une autre est humaine… mon cœur est celui de
Lucas, celui que j’étais lors de ma première existence.
Je suis né en 2033, mon père était physicien, ma mère
est morte à ma naissance. Pendant 10 ans, j’ai vécu dans un manque d’affection,
et mon père ne s’en rendait même pas compte.
En 2043, lors de mes 10 ans, je suis allé seul au
« baptême universel », mon père refusant de m’accompagner. Stressé
par les événements, j’ai dis devant le monde entier que je me foutais de dieu.
Des fanatiques ont surgi de nulle part et m’ont tués.
Fin de l’existence de Lucas, fin de l’acte 1.
Suite à ca, une guerre de religion, dons je fus un
symbole a éclaté… puis la paix, puis une nouvelle guerre, pire encore. C’est le
moment qu’a choisis mon père pour coder son existence dans un ordinateur et
disparaitre de la surface de la terre… avec comme but avoué de me redonner vie
quand la science en serait capable.
Ce fut chose faite en 2483, prêt de 450 ans après sa
disparition, ou, aidé par les scientifiques actuels, sa mémoire a pu me donner
un nouveau corps dans lequel repose mon cœur. Je suis devenu 7Uc45
10 ans auront été nécessaire afin que le cœur prenne à
cette enveloppe corporelle et que mes souvenirs me reviennent.
Depuis, mon existence a été rendu publique… je vis
comme un enfant de mon âge en 2493.
Et j’ai pardonné.
J’ai pardonné à ceux qui m’ont tué. Ils ne savaient pas
ce qu’ils faisaient, ils ne savaient pas qu’ils étaient dans l’erreur.
J’ai pardonné à ceux qui ont utilisé mon nom. Ils
croyaient en ce qu’ils faisaient, ils ne pouvaient pas savoir.
J’ai pardonné à mon père. Maintenant, je le sais, il m’aimait…
et moi aussi je l’aime.
Ainsi, la paix peut enfin s’installer sur l’humanité…
il est temps de faire un trais sur l’histoire et d’aller de l’avant… certaines
espèces animales vont subir le même traitement que moi et ainsi, revenir à la
vie, afin d’effacer les erreurs des hommes.
Je n’ai que 11 ans, et quelques siècles, mais ca, c’est
négligeable. Et comme tout enfant de mon âge, il faut que je pense à dormir…
2494, Septembre, un dimanche
Je ferme les yeux.
Demain est un autre jour…
Je ne veux manquer pour rien au monde le lever du
soleil.
Papa, je t’aime.
FIN.
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Localisation : Ici ou d'ailleurs
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Partageons nos écrits : Malade…
Il m'aurat fallut du temps pour le lire ... pour cause de vacances mais je dois dire que je suis pas mal impressionné ! D'où te viens cette imagination ? Comment fais-tu ? A quand un livre entier ?!
Je ne sais pas comment tu peux le prendre mais espère que ce sera en bien : L'histoire le fait penser, de loin, à celle d'Astro Boy. Qu'en penses-tu ?
Je ne sais pas comment tu peux le prendre mais espère que ce sera en bien : L'histoire le fait penser, de loin, à celle d'Astro Boy. Qu'en penses-tu ?
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Le_neptunien
Re: Partageons nos écrits : Malade…
J'avais même oublié que je l'avais posté
Livre : Pas de motivation, de temps ni de tallent pour écrire une histoire longue
Imagination : Est ce bien licite de répondre ?
Astro Boy : Je n'y pensais pas du tout, mais en effet, les points communs sont nombreux. Tezuka étant le dieu du manga, il faudrait être sacrément mal borné pour mal prendre la comparaison;
Livre : Pas de motivation, de temps ni de tallent pour écrire une histoire longue
Imagination : Est ce bien licite de répondre ?
Astro Boy : Je n'y pensais pas du tout, mais en effet, les points communs sont nombreux. Tezuka étant le dieu du manga, il faudrait être sacrément mal borné pour mal prendre la comparaison;
Simulacra- Nombre de messages : 2868
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Re: Partageons nos écrits : Malade…
Heu ... Je sais pas si j'ai compris la comparaison ou pas mais, ta phrase, je l'ai pas comprise en tout cas !Simulacra a écrit:Tezuka étant le dieu du manga, il faudrait être sacrément mal borné pour mal prendre la comparaison;
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Le_neptunien
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